En cette journée de Toussaint, c'est en présence des autorités civiles et militaires et devant une foule recueillie, venue nombreuse assistée à cette cérémonie émouvante, que furent déposées, au pied de la stèle des Rapatriés érigée au cimetière de Valence, les différentes gerbes en souvenir de nos Morts restés en Algérie.
Les Disparus ne furent pas oubliés et une gerbe fut déposée au pied de l'olivier planté en leur mémoire.

Cette cérémonie est organisée comme chaque année par le Centre culturel des rapatriés.

Après le discours d'Yves BAUDIER, président du Centre culturel des rapatriés, la cérémonie s'est poursuivi par la lecture d'une élégie au souvenir, œuvre de notre adhérent René Aniorte, se terminant par ces quelques vers : «Vivre sans passé, c'est vivre sans espoir. Vivre sans mémoire, c'est frôler le désespoir !»

Souvenirs de Novembre

Souviens-toi de ce 1er Novembre 1954 !

Dans la paix des cimetières, dans la douce quiétude d'un hiver annoncé, priant avec ferveur, nous déposions nos fleurs sur les tombes familiales, en souvenir de ceux restés en nos mémoires.
Ils étaient, tout entier, entrés dans cette terre africaine qu'ils avaient fécondée.
Souviens-toi de ce 1er Novembre, nous allions recevoir, et pour bien des années, tout le poids de la haine des «hommes de la nuit» renforcée par l'incompréhension de certains hommes de France.
Pourtant, chez nous, tant des nôtres avaient donné leur vie, pour conserver "cette liberté chérie" !

Souviens-toi de ce 1° Novembre 1962 !

Dans la paix des cimetières, dans la froide inquiétude d'un hiver s'installant, priant avec tristesse, nous déposions nos fleurs sur des tombes anonymes.
Sépultures oubliées de gens qui comme nous, avaient vécu dans l'histoire commune, sans pourtant demeurer dans la mémoire des leurs.
Souviens-toi de ces tombes tristes et solitaires comme l'étaient les nôtres, là-bas, sur l'autre rive, d'où nous étions partis !

Et souviens-toi dans ces "Novembre" de France, ces "Novembre" du Monde !

Souviens-toi de toutes celles et tous ceux reposant dans la terre, dans la paix des cimetières, pas toujours respectée sur l'autre bord de mer.
Souviens-toi aussi de tous ceux qui depuis sont entrés dans leurs ultimes demeures, ailleurs, dans d'autres terres, sous d'autres cieux, après avoir subi l'innommable douleur.

Et souviens-toi aussi :

Vivre sans passé, c'est survivre sans espoir !
Vivre sans mémoire, c'est frôler le désespoir !

René ANIORTE

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