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- Conférence du 21 octobre 2007 - Mohand HAMOUMOU

Ces Français oubliés de l'Histoire

Ce 21 octobre, le Cercle algérianiste de Drôme Ardèche a accueilli, pour la première fois à Valence, une personnalité très connue et un grand ami de notre association : Mohand HAMOUMOU.

Nous avons eu la chance d’écouter ce conférencier émérite, aborder l’histoire des «Harkis».
En effet, il a eu la gentillesse d’accepter notre invitation et de nous accorder ce qui sera peut-être l’une de ses dernières conférences sur le sujet car, après plus de vingt ans dans le monde associatif, il souhaite maintenant se consacrer à d'autres thèmes.

Auteur de plusieurs ouvrages sur la communauté harkie, il a participé à de nombreuses tables rondes lors des manifestations organisées par le Cercle national.

La conférence

Mohand Hamoumou, qui était l'invité de Bernard Cini, président du Cercle Algérianiste de Drôme-Ardèche, a donné une conférence sur le thème des harkis.

Face aux différentes associations de harkis et de Pieds-noirs, il a expliqué avec brio et simplicité la genèse d’une communauté et les drames qu'elle a vécus face aux silences des responsables.

Son exposé débute par une vidéo micro-trottoir faite auprès des étudiants de la Sorbonne, pour lesquels le mot «harki» n’évoque pas grand-chose ou presque.
C'est dire que ces Français d'Algérie, fidèles à la France, ont été totalement occultés de l'histoire de notre pays.

Outre ses compétences, son intelligence et sa culture, qui caractérise M. Hamoumou c'est sa sérénité et sa mesure dans le propos pour parler du drame des harkis.

Les mots sont justes, sans esprit partisan. Il a donné une grande leçon d'histoire sur le passé peu glorieux de la France à l'égard de cette communauté, «Nous avons tous une part de vérité pour expliquer le problème harki, alors faisons une synthèse pour la plus large diffusion, notamment dans les collèges et les lycées».

Le conférencier évoquera comment ont été créés ces supplétifs et pourquoi «On ne naît pas harki, on le devient pour défendre sa famille de la violence FLN, par survie économique, par patriotisme... ». Puis il a expliqué le silence et la mauvaise conscience de la France: «Les harkis sont les grands oubliés des accords d'Evian, Les promesses ont été trahies, ils ont été désarmés et abandonnés aux massacres, Sur cette période De Gaulle n'a pas été bien !»

Pour stigmatiser les responsables de l'époque, M. Hamoumou citera un extrait du livre de Jean Lacouture : «Un massacre honteux pour la France et pour l'Algérie. Le déshonneur est trop lourd à porter».

Puis parlant des rescapés, ceux qui ont réussi à rejoindre la Métropole non sans mal, il utilisera celte métaphore; «Ce n'est qu'après les révoltes débutées en 1975 que la France découvre qu'elle avait aussi sa réserve d'indiens...»

Une image symbolisant la solitude et l'oubli clôturera son diaporama : celle d'un vieil harki, la poitrine couverte de médailles, assis seul au milieu de chaises vides.

Jo Canton - Dauphiné Libéré


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Le conférencier

Mohand HAMOUMOU est né en Kabylie en 1956.
Fils d’un harki tué l’année de sa naissance, il arrive gamin en Métropole.
De 1962 à 1963, sa famille passera dans différents camps (Larzac, Rivesaltes), puis restera trois années dans un hameau de forestage.

Après de brillantes études, il entre à l'Ecole Normale d'Instituteurs.
Il obtient une Maîtrise de sciences de l'éducation ainsi qu'une licence en Droit.
Titulaire d’un Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées de psychologie à l’Université de Clermont-Ferrand, diplômé de l’Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales, il est docteur en Sociologie.

Après avoir été un temps instituteur, enseignant à l'Université de Clermont-Ferrand et directeur de formation, il a occupé des fonctions de Directeur des Ressources Humaines dans de grands groupes industriels (Michelin et Lafarge).

Il occupe actuellement le poste de professeur associé et de consultant en gestion des ressources humaines, à l’Ecole de Management de Lyon.

Ancien président fondateur de l’association AJIR pour les Harkis.


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Livres écrits par Mohand HAMOUMOU

Il est l’auteur de deux ouvrages sur la communauté Harkie. La matinée s'est terminée par une séance de dédicaces de ses livres.

Sa thèse a été publiée sous forme de livre chez Fayard en 1994 sous le titre : « Et ils sont devenus harkis.»

L'histoire est tragique. Que ceux qui ne l'auraient pas encore compris lisent ce livre. Tous les éléments de la tragédie sont là : les traîtres, les vrais et les faux ; la politique et le cynisme des hommes politiques au nom de la raison d'État ou de l'ambition nationaliste ; les hommes de bonne volonté dépassés par la violence et l'enchaînement des événements ; les idéologies, les passions mais aussi le hasard ; et surtout, les véritables héros de Mohand Hamoumou, les hommes, les pauvres hommes, victimes d'un piège historique, qui ne comprennent pas ou mal ce qui leur arrive et qui souffrent.

Il raconte l'histoire de ces «Français musulmans» qui participèrent à des titres divers à l'action de la France en Algérie. Lorsque furent signés les accords d'Evian, malgré les engagements pris, et après quelques semaines pendant lesquelles rien, ou presque rien ne se passa, beaucoup d'entre eux furent massacrés par les membres du FLN victorieux. Les autorités militaires françaises avaient reçu l'ordre de ne pas intervenir. Unanimement condamnés par l'opinion, certains officiers qui avaient engagé leur parole auprès de «leurs hommes» désobéirent au pouvoir politique au nom de leur honneur personnel et de ce qu'ils pensaient être l'honneur de la France. Ils purent rapatrier leurs anciens supplétifs et leurs familles, directement menacés de mort. Environ la moitié, à leur arrivée, furent installés dans des camps, où d'anciens sous-officiers ont longtemps fait régner un ordre quasi militaire. Tous ceux qu'on appelle les «harkis» et leurs enfants n'en sont pas encore sortis aujourd'hui. Régulièrement, un incident violent rappelle l'existence du drame. Puis le silence retombe.

Avec précision, talent et pudeur, Mohand Hamoumou explique pourquoi le silence recouvre cette tragédie et le destin des harkis : silence des Français, silence des victimes.

Dominique Schnapper (Préface, extraits)


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Il est co-auteur, avec Jean-Jacques Jordi, du livre «Les harkis, une mémoire enfouie» paru aux éditions Autrement.

Une fresque conçue par Henry Dougier et dirigée par Pierre Milza et Emile Temime.

Populations, lieux symboles, récits : les trajectoires de l'immigration en France dressent une véritable cartographie de leur mémoire par rues, quartiers et villes interposés. Des histoires inscrites dans l'espace et dans le temps. La première grande saga de ces Français venus d'ailleurs, dans une France monde.
Se pencher sur l'histoire de ceux qui ont choisi la France pendant la guerre d'Algérie, c'est réveiller de douloureuses blessures. Des deux côtés de la Méditerranée.

A ces hommes et à ces femmes, on a refusé le droit le plus élémentaire : celui du nom.
Comment une communauté peut-elle assurer sa pérennité sans cet élément fondamental ? Qu'en disent, après plus de trente ans, les principaux intéressés ? Les conditions de départ, l'arrivée en France, les «hameaux», l'isolement dans lequel on les a tenus, l'intégration : autant de motifs d'amertume.

Longtemps, le silence des pères a constitué l'unique refuge de cette mémoire jugée indésirable. Cette relégation a pourtant fait naître le fils de harki. Comme si, à défaut d'autre héritage, seule la qualité d'ancien supplétif était transmissible.

Ce refoulement, la seconde génération le récupère aujourd'hui pour exprimer ses revendications d'identité, de responsabilité et de reconnaissance. Au nom de la communauté.


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