accueil
Calendrier 2009
Article
- Conférence du 8 novembre 2009 - Robert Davezac

De l’Algérie française à la république algérienne
~ 13 mai 1958 - 30 avril 1961 ~

Le 8 novembre 2009, monsieur Robert Davezac était l'invité du Cercle algérianiste pour une captivante conférence
sur une période de l’histoire qui a marqué nombres de compatriotes; la montée des violences dans le Grand-Alger.

Bernard Cini (président du Cercle algérianiste) accueille les adhérents et sympathisants
venus nombreux assister à la conférence.

Docteur en histoire, le conférencier a suivi un parcours atypique qui le mène des geôles françaises, pour son engagement dans la résistance à l’abandon de l'Algérie française, au banc de l’université.


Robert Davezac

Robert Davezac est né à Alger en 1941 dans une famille modeste.

Se destinant à une carrière d'enseignant, il devient élève maître à l'Ecole Normale d'Alger Bouzaréah (promotion 1958-1962).

Les événements d’Algérie ont tout bouleversé. Le 13 mai a été l'élément déclencheur de son futur engagement dans la résistance à l'abandon de l'Algérie par la France. Engagement qui lui a valu bien des déboires.

Rejeté en 1962 sur les rives nord de la Méditerranée comme tous ses compatriotes, il fait une carrière dans le commerce et la grande distribution.

Ce n'est qu'une fois à la retraite, en 1997, qu’il put enfin réaliser un projet vieux de 30 ans, qui le mena sur les bancs de l'Université, du DEUG à la thèse de doctorat d'Histoire soutenue le 31 janvier 2008.

Le conférencier nous a éclairé sur la montée des violences dans le grand Alger, à travers l’emploi du terrorisme par le FLN, puis par les «contres terroristes» et l’OAS, ainsi que par la répression des forces de l’ordre, qui ont donné à ce conflit son aspect particulier.

En effet, en se référant à de nombreux documents d’archives et d’articles de presses de l’époque et avec méthode, il a démontré que les attentats FLN ont perduré dès le 13 mai dans la capitale algéroise.

Tout au long de son récit nous avons vu l'évolution de la situation et des esprits dans Alger. Comment l'on passe de l'Algérie province française à l'Algérie algérienne au travers d'événements plus ou moins spectaculaires comme les barricades de janvier 1960, les émeutes de décembre 1960 ou encore le Putsch des généraux en passant par la fausse affaire Si Salah.


Haut

Le repas

Comme de tradition, après un apéritif, un repas conclut cette agréable journée.


Haut

Article de Jo Canton (Journaliste au Dauphiné Libéré)

De l'OAS au doctorat d'Histoire

La conférence de Robert Davézac, invité du Cercle Algérianiste de Drôme Ardèche, a révélé un personnage atypique, au parcours étonnant et inattendu par sa finalité, décrit avec franchise et sincérité par le conférencier.

Né en 1941 à Alger, d’une famille modeste, avec un père syndicaliste et plutôt à gauche, la vie de Robert Davézac va basculer en 1960 au moment des barricades d’Alger. Jusque là, il était un étudiant consciencieux qui ne s’était jamais intéressé à la guerre d’Algérie.

Il décide de se mêler aux acteurs (beaucoup d’étudiants) qui avaient dressé les barricades, par curiosité. Dès lors Robert Davézac va prendre fait et cause pour contrecarrer le projet d’abandon de l’Algérie qui se trame. « Le discours du général De Gaulle sur l’autodétermination, en septembre 1959, signait la fin de l’Algérie française », souligne-t-il.

«En 1960, et de manière instinctive, je déclare à mon père, très étonné, que j’entre dans l’OAS ! Mon engagement était réfléchi, mais sans haine, car j’ai toujours été antiraciste ». Dès lors c’est l’action avec tout ce que cela suppose de risques sur cette période troublée.

Un jour, la voiture des membres de son commando ne répond pas aux sommations des gendarmes et force un barrage. La réplique des forces de l’ordre est violente, le véhicule est décimé, il y a un mort et des blessés, dont Robert Davézac. Il finira par s’en sortir, « c’était un miracle dira-t-il ». Arrêté, il sera condamné à 4 ans de prison. Puis c’est le retour à la vie civile où le jeune Algérois fera une belle carrière dans le commerce de la distribution.

Mais Robert Davézac, qui voulait être instituteur, a des besoins culturels. Il s’inscrit à la Fac à plus de 40 ans. Des études qui lui permettent d’enchainer les diplômes avec réussite : le Deug, la licence, une maîtrise, un DEA. Il soutient alors une thèse en histoire sur la période de mai 1958 à avril 1961 (putsch des généraux) en Algérie. Un travail minutieux de recherche qui va lui permettre d’expliquer et de mieux comprendre la guerre d’Algérie.

« Vous êtes passé de l’action à la connaissance » lui déclarera l’un de ses professeurs à l’université. C’est à l’âge de 67 ans qu'il décrochera son doctorat en histoire...

Jo. CANTON


Haut

Crédit photos : Philibert Cini & Bernard Cini