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Pour le 5 décembre
Contre le 19 mars 1962
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Sommaire de la brochure .

TEMOIGNAGES
Pour ces exemples d’appelés du contingent, ou de harkis libérés, mais dans quel état psychologique,
combien ne sont jamais rentrés dans leur foyer?
Mohamed ABROUS - Harki
Harki rescapé d’un camp du sud

Mohamed Abrous, titulaire de la Médaille militaire et de la Croix du Combattant, est né le 10 mai 1932 au douar Lardjem, près d'Orléansville.

Il est fait prisonnier le 5 juillet 1962, le jour de l'indépendance de l'Algérie.

Le Groupe mobile de sécurité est désarmé à la demande du FLN. Les soldats du groupe sont cantonnés à la caserne de Bidoula, proche de Tizi-Ouzou, dans l'attente de leur affectation. Des membres du FLN font irruption dans la caserne. L'action est en parfaite contradiction avec les accords d'Evian.

Vingt-trois soldats sont faits prisonniers et conduits au camp de Makouda, où ils sont jugés par un tribunal militaire algérien. Des vingt-trois soldats, un certain nombre - le témoin ne se rappelle plus le chiffre exact - sont fusillés ou exécutés à la baïonnette. Mohamed Abrous est condamné à mort, mais la sentence est retardée ; il n'en saura jamais la raison. Il est ensuite incarcéré au camp du Maréchal avec trois cents prisonniers, des militaires en majorité, mais également des civils. La torture est quotidienne. Les prisonniers sont battus et doivent porter des charges sur leurs épaules jusqu'à l'épuisement.

On transfère le témoin à El-Harach, où il ne reste que quelques jours, puis il se retrouve à Maison-Carrée, au milieu de six cents prisonniers civils et militaires, français ou harkis comme lui. Il y reste quatre ans....

Témoignage tiré du livre «Les oubliés de la guerre d’Algérie» de Raphaël DELPARD.

«Les harkis sont enterrés vivants dans des trous à hauteur d’homme, on les recouvre ensuite de béton armé sous le soleil saharien; pour calmer leur soif, seule de l’eau salée leur est administrée, ils ont fini bien tristement. D’autres harkis ont été battus comme moi, par des femmes ou des enfants. Le F.L.N. les exhortait ainsi à participer à toutes ces atrocités.»

«Tout harki qui possédait des médailles militaires, se les faisait planter dans la chair avant son exécution.»

Témoignage tiré du livre «Français sans patrie» de Brahim SADOUNI.

Arrestation d’un Harki

Un harki est arrêté le 8 août 1962 par un commando FLN de la Wilaya n° 3. L'arrestation se déroule devant une caserne de l'armée française, où deux soldats en faction observent la scène sans intervenir. Conduit dans une maison près de Menerville, le prisonnier est mêlé à une douzaine de prisonniers, dont sept Français. Ils seront égorgés, mais auparavant ils auront eu les genoux éclatés par balle. Le témoin (qui a tenu à garder l'anonymat dans ce livre) subit des tortures.

On le contraint à manger un couscous arrosé du sang des Français qui ont été égorgés, et à boire de l'eau de lessive. On lui brise les doigts, il est blessé à une jambe.

Pour obtenir ses aveux, on lui ligote les poignets avec du fil de fer barbelé. Il est également contraint de s'asseoir sur le goulot d'une bouteille. Le traitement lui provoque des fissures anales médicalement constatées après sa libération.

Il est alors reconduit à Menerville, où il reste pendant vingt jours en compagnie de deux Français et de sept Algériens. Les tortures recommencent et les assassinats également.

Les deux Français et les quatre Algériens sont égorgés.

On l'incarcère ensuite à Maison-Carrée, où pendant un an il ne voit jamais le jour, dort à même le sol et subit quotidiennement des brimades.

Un ami de sa famille intervient en sa faveur et le fera libérer.

La détention de ce harki aura duré deux ans.

Témoignage tiré du livre «Les oubliés de la guerre d’Algérie» de Raphaël DELPARD.

Appelé du contingent

Bernard Bricet sert dans la marine. Un soir de juin 1962, en compagnie de deux camarades, il patrouille avec un lamparo dans la crique de Bouzadjar lorsque survient un chalutier bourré de soldats de l'ALN. D'emblée, les Algériens font preuve d'une grande violence à l'égard des jeunes Français : coups sur le visage et sur le crâne.

..., Les prisonniers sont emmenés dans un village nommé Boucoudan, au-dessus de Beni-Saf, qui sert de camp de détention. Si l'hygiène est acceptable, ainsi que la nourriture, en revanche la terreur règne : Coups de cravache et de fouet s'abattent à n'importe quel moment et pour n'importe quelle raison. Les soldats ne savent jamais, quand la porte de leur cellule s'ouvre, s'il s'agit de l'annonce d'une corvée ou d'une exécution. Les journées se passent à creuser une énorme tranchée. À quoi pouvait-elle bien servir?

- Un de nos camarades comprenait l'arabe. Il avait surpris une conversation entre gardiens. C'était notre tombe que nous creusions.

- Un matin, nos geôliers nous ont fait monter dans des camions. Ils nous ont emmenés à la base d'Arzew, où nous avons été libérés. ...

- Après votre libération, avez-vous fait des cauchemars ?

- Pendant des années. Je regrette de ne pas avoir été suivi par un psychologue......

Témoignage tiré du livre «Les oubliés de la guerre d’Algérie» de Raphaël DELPARD.

Appelé du contingent

Guido Casa est enlevé le 21 août 1962, au pont d'El-Kantara à Constantine, alors qu'il se trouve en permission libérable.

À la prison où il est conduit, il subit des interrogatoires. Incapable de répondre aux questions posées, dont il ne comprend pas le sens, il est battu à coups de crosse de fusil et reçoit en plus des coups de pied dans le ventre et dans les côtes.

Il est libéré le 30 août 1962. Sa détention a duré une dizaine de jours.

Depuis, il est régulièrement soigné pour des troubles psychiques à la clinique de Borgo, en Haute-Corse.

Témoignage tiré du livre «Les oubliés de la guerre d’Algérie» de Raphaël DELPARD.


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